Le projet Foodwaste a pour vocation de sensibiliser le spectateur au problème du gaspillage alimentaire. Selon le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, rien qu'en France, les pertes et gaspillages alimentaires représentent 10 millions de tonnes de produits par an, soit une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros. Ce gaspillage représente un prélèvement inutile et la destruction de ressources naturelles, telles que les terres cultivables et l’eau, et1
Le projet Foodwaste a pour vocation de sensibiliser le spectateur au problème du gaspillage alimentaire. Selon le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, rien qu'en France, les pertes et gaspillages alimentaires représentent 10 millions de tonnes de produits par an, soit une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros. Ce gaspillage représente un prélèvement inutile et la destruction de ressources naturelles, telles que les terres cultivables et l’eau, et des émissions de gaz à effet de serre qui pourraient être évitées.
Pour évoquer ce véritable gâchis, j'ai décidé de jeter littéralement cette nourriture à la mer. Ces légumes flottant à la surface de l'eau sont définitivement perdus pour les hommes. Les images intriguent, les légumes semblent surdimensionnés et tombés du ciel, à moins qu'ils soient arrachés au rivage par les courants marins. Ces légumes à la taille monstrueuse évoquant la manipulation génétique, symbolisent la quantité colossale des pertes, comme une allégorie du gaspillage.
Ces images nous frappent aussi parce qu'inconsciemment elles évoquent la montée des eaux, la dérive, le déluge, la fin du monde.
D'un point de vue formel, ces photographies prises en lumière naturelle sans aucun photomontage, nous séduisent par leur couleur, leur fraîcheur, leur naïveté qui nous ramène au jeu et à l'enfance. Ici la composition est maîtrisée comme dans un tableau où chaque objet est mis en scène pour que le naturel se mêle à l'artificiel, le vrai au faux. Comme le suggère le format, nous ne sommes pas devant un véritable paysage, ni devant une véritable nature morte, nous sommes face à un objet hybride qui mélange les genres, les codes de la peinture et de la photographie.
Encadrant ces nourritures terrestres, émergent des îles déconnectées du monde, à la fois réelles et fictionnelles où vient se nicher une invitation à la rêverie et à l’introspection. Des jeux d’échelle sont créés pour mieux reconstituer des paysages illusionnistes, des hétérotopies, comme les appelle Michel Foucault, afin de désigner des espaces concrets qui hébergent l’imaginaire et prennent des formes insulaires. Le concept même de l’île renvoie à la quête d’un monde idéal, préservé, d’un ailleurs en perpétuelle invention, réceptacle de fantasmes et d’évasion, en opposition au réel ambiant anxiogène.
Ainsi ces images sont paradoxales, elles mêlent prise de conscience des désespérants enjeux actuels et fuite pour profiter de la beauté d'un monde voué à disparaître.